DÉSIRS D'ÎLES

Désirs d’îles se déploie en forme d’archipel où se retrouvent des îles réelles et imaginaires. Ce corpus de travail témoigne une fois de plus d’un esprit islomane à travers des représentations de l'île que je transporte avec moi comme un enfant tire son dada. Les éléments qui composent Désirs d'îles ne tendent pas à décrire aucune île en particulier mais davantage à effleurer l’idée de l’île, juste assez pour éveiller les désirs.

L’exposition présentée chez Circa en novembre 2009 empruntait son titre à la géographe française Françoise Péron et comprenait six éléments : Corps-mort, Archipel ou table de navigation, Utopiae insulae figura, Les îles magnétiques, Atlas d’un islomane et Index.

Corps-mort est un ensemble de trois grandes caisses en bois de 1,5 mètres de côté. Les deux premières caisses sont fermées et une grande rame est appuyée sur la première. La troisième caisse est ouverte sur le côté et laisse voir au fond une grande photo de l’île du Corps-mort, une petit île des Îles-de-la-Madeleine que je vois de ma maison sur la falaise à l’Étang-des-Caps. Ce rocher isolé à dix milles des côtes a depuis longtemps causé la frayeur des marins comme en témoigne un poème de Thomas Moore en 1804 et adapté en français par James Donelley : Ami, vois-tu là-bas, sous ce nuage sombre, cet étrange vaisseau qui s'avance dans l'ombre…

Archipel ou table de navigation prend l’allure d’une table à dessin dont la surface se compose de plus d’une centaine de petites toiles dont l’assemblage rappelle le quadrillage d,une carte géographique. On peut y voir le dessin au charbon de bois d'un archipel volcanique, les Açores. Posée du cette table, un pantographe, outil obsolète des cartographes maintenant remplacé par l’ordinateur et , suspendu du plafond un fil à plomb qui semble dire : vous êtes ici.

Utopiae insulae figura est une structure circulaire en bois de 3 mètres de diamètre montée sur une multitude de petites roues et surmontée d’une île en fer à cheval faite de plâtre. Une corde attachée à l’île suggère l’idée de tirer l’île comme on tire un dada. Cette œuvre s’inspire d’une illustration réalisée pour l’édition de 1610 d'Utopia de Thomas More et qui laissait entendre que la société idéale n’est possible que sur une île, territoire aux limites définies, donc plus facile à contrôler.

Les îles magnétiques est un grand tableau formé de l’assemblage de 120 d’environ 20 cm x 25 cm chacune. Sur ce tableau construit, on peut voir un archipel fait d’agglomérations de petites pièces de métal, résidus industriels, qui tiennent en place grâce a de nombreux petits aimants posés à l’endos des toiles.

Atlas d’un islomane se présente comme un atlas où on ne trouverait que des îles. Les impressions numériques sont tirées d’images d’îles capturées avec l’œil de Google Earth dont je n’ai gardé que la forme de petites parcelles de terre que sont les minuscules taches au large des continents. Ce ne sont là que quelques unes des milliers d'îles réelles choisies pour leurs formes et les liens personnels que j’entretiens avec chacune d’elles.

Index est une liste alphabétique de plus de 500 titres de livres trouvés à la Grande bibliothèque et qui commencent par le mot « île » utilisé pour parler de lieux réels ou métaphoriques.